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le verrez, les sentiments que j’ai moi-même.

» Mais laissons cela, et venons-en à ce qui vous regarde particulièrement. J’ai songé à vous, monsieur l’abbé, pour transcrire et mettre en latin des manuscrits grecs d’un prix inestimable. J’ai confiance en votre savoir et dans votre zèle, et je ne doute point que votre jeune élève ne vous soit bientôt d’un grand secours.

Et, s’adressant à moi :

— Oui, mon fils, je mets sur vous de grandes espérances. Elles sont fondées en bonne partie sur l’éducation que vous avez reçue. Car vous fûtes nourri, pour ainsi dire, dans les flammes, sous le manteau d’une cheminée hantée par les Salamandres. Cette circonstance est considérable.

Tout en parlant, il saisissait une brassée de manuscrits qu’il déposa sur la table.

— Ceci, dit-il, en désignant un rouleau de papyrus, vient d’Égypte. C’est un livre de Zozime le Panopolitain, qu’on croyait perdu, et que j’ai trouvé moi-même dans le cercueil d’un prêtre de Sérapis.

» Et ce que vous voyez là, ajouta-t-il en nous montrant des lambeaux de feuilles luisantes et