Page:Anatole France - La Vie en fleur.djvu/100

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entière entraînée vers l’industrie et la finance. On a dit que le ministre de l’Instruction publique de 1852 mettait son étude et ses soins à dénaturer l’enseignement universitaire, tenu en haut lieu pour un danger public. Il en retranchait les parties les plus nobles et il osait dire : « les discussions historiques et philosophiques conviennent peu à des enfants et ces recherches intempestives ne produisent que vanité et que doute. » Certes, ce n’est pas là comme parle un éducateur jaloux d’éveiller les jeunes intelligences. Fortoul se flattait de former des générations paisibles et se proposait de donner aux fils des bourgeois grandis sous la royauté libérale une instruction convenable à la vie d’affaires à laquelle ils étaient destinés. À cette époque, un universitaire d’esprit bourgeois et resté fidèle à la monarchie de juillet a suffisamment exprimé ces intentions dans les lignes que voici : « Nos fils ne sont pas destinés à être des savants. Nous ne voulons pas en faire des poètes, des hommes de lettres ; la poésie et la littérature sont des métiers trop chanceux ; nous ne voulons pas qu’ils soient avocats, il y en a assez ; nous voulons qu’ils soient bons commerçants, bons