Page:Anatole France - La Vie en fleur.djvu/106

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imposants, un peu lourds peut-être, mais solides, mais fermes, qui moissonnaient tous les lauriers et occupaient les premiers rangs, Radel, Laperlière et Maurisset. Tous trois pensionnaires, l’internat imprimait à leurs mœurs un caractère quasi militaire, et ils méprisaient comme des civils les externes tels que moi, qui n’étaient pas, autant dire, de la maison. Ils avaient l’esprit de corps qui me manquait tout à fait et que, pour mon malheur, je ne devais jamais acquérir. Ils dominaient dans les récréations ainsi que dans les classes et montraient, au cheval-fondu et dans les parties de barres, la maîtrise que nous leur reconnaissions en thème grec et en discours latin. Tant de grandeur m’étonnait plus qu’elle ne me charmait et j’éprouvais pour eux plus d’admiration que de sympathie.

Chaque semaine, le samedi soir, lorsqu’il annonçait les places de la composition, thème, version, discours latin ou narration, M. Beaussier avouait qu’en examinant avec une attention soutenue les copies de ces trois excellents élèves, il avait eu la plus grande peine à découvrir la supériorité de l’une de ces copies sur les deux autres. Selon lui Radel, Laper-