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VIII

ROMANTISME

Un des hommes les plus bizarres qui fréquentaient chez nous, alors que j’accomplissais ma douzième année, était M. Marc Ribert, petit homme noir de cinquante à cinquante-cinq ans environ, hérissé, le front bossué, les joues creuses et qui réussissait assez à se donner l’air fatal et désespéré. Il est vrai que ses affaires y contribuaient ; car on disait qu’elles se trouvaient, par sa faute, en très mauvais état. Fils d’un gros marchand de vins de Bercy, il avait, dans sa jeunesse, assidûment fréquenté le monde des Jeunes-France, des lorettes et des théâtres des boulevards, donné des fêtes magnifiques, fait bâtir un castel