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lui n’avaient jamais bien entendu’ ». En soupant en compagnie de Boileau et de Furetière, qui connaissaient fort bien l’un et l’autre les mœurs des gens de robe, il imagina de faire sur la chicane une farce pour Scaramouche. Scaramouche quitta Paris, et le poète composa sur le même sujet une comédie pour l’hôtel de Bourgogne (1668). Elle n’y réussit pas bien tout d’abord. Les personnes de goût eurent peur de n’avoir pas ri dans les règles. Mais, le roi ayant vu les Plaideurs à Versailles et en ayant ri, la ville se ravisa et se divertit ouvertement du chien criminel et des larmes de sa famille.

Britannicus parut l’année suivante (1669). Il n’y eut *> point de presse au parterre le jour de la première re-

, présentation, parce que, dans le même moment, on décapitait un homme en place de Grève. Le vieux Corneille était seul dans une loge. Ceux de son parti, tels que Boursault, vinrent l’y rejoindre, et Corneille "parla avec chaleur contre la pièce. Racine crut devoir, dans une préface, se justifier, à l’exemple de Térence, contre les attaques « d’un vieux poète ’ malintentionné, malevolï veteris poeta ». Les inimitiés s’accrurent. Le public resta froid. En vain Boileau loua les vers sentencieux de la nouvelle tragédie. Il se passa plusieurs années avant que Britannicus, mieux accueilli, fît honneur à Racine.

A la rentrée de Pâques 1670, une comédienne qui n’était à Paris que depuis un an et qui venait d’être engagée à l’hôtel de Bourgogne doubla dans le rôle

1. Racine, Préface des Pls&atrs. V*. ’4*