De vôtre nom j’orne le frontispice
Des derniers vers que ma Muse a polis.
Puisse le tout, ô charmante Philis,
Aller si loin que nôtre los franchisse
La nuit des tems : nous la sçaurons dompter,
Moy par écrire, et vous par reciter.
Nos noms unis perceront l’ombre noire ;
Vous régnerez long-tems dans la mémoire
Aprez avoir régné jusques icy
Dans les esprits, dans les cœurs même aussi.
Est-il quelqu’un que vôtre voix n’enchante ? S’en trouve-t’il une autre aussi touchante ? Une autre enfin allant si droit au cœur ?
Vous auriez eu mon ame toute entière, Si de mes vœux j’eusse plus présumé ; Mais en aimant qui ne veut être aimé ?…
La Champmeslé plut à Racine, elle plut à bien d’autres ; elle plaisait depuis le matin jusqu’au soir. C’était h petite merveille1, comme la nommait une dame de la cour. « Tout sera bientôt au roi de France et à M11" de Champmeslé*, » disait un poète. Ninon était jalouse de cette rivale et travaillait a lui faire donner, par je ne sais quel gentilhomme un peu vif, « quelques petits coups de baudrier* ». Au reste, la Champmeslé était d’humeur facile et ne se piquait pas de fidélité. Son mari n’était pas un fâcheux ; c’était l’homme d’esprit qui fit avec La Fontaine la jolie comédie de la Coupe
1. M™° de Sévigné.
2. Lettre de La Fontaine.
3. Lettre de M™’ de Sévigné. .
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