Page:Anatole France - Le Génie latin.djvu/17

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« Le roy et Madame[1] sont plus que jamais affectionnés à la réformation de l’Église et délibérés de donner à congnoistre que la vérité de Dieu n’est point hérésie. »

À quoi Briçonnet répondit :

« Le vray feu qui s’est logé longtems en vostre cœur, en celui du roy et de Madame, par grâces si très grandes et abondantes que je n’en cognois point de plus grandes, je ne sai si ce feu a point esté couvert et assoupy. » À l’égard de la reine mère qui n’aimait que l’argent, et du roi qui n’aimait que les femmes, les inquiétudes de l’éveque étaient fondées. Mais, si l’on veut savoir H vraie pensée de Louise de Savoie, qu’on lise son journal : « L’an If22, en décembre, mon fils et moi, par la grâce du Saint-Esprit, commençons à congnoistre les hypocrites blancs, noirs, gris, enfumés, de toutes les couleurs, desquels Dieu, par sa clémence et tonte infinie, nous veuille préserver et deffendre,,car, si Jésus-Christ n’est menteur, il n’est point de plus dangereuse génération en toute nature humaine. »

Ce n’était pas apparemment pour gagner des indulgences que Louise de Savoie consignait ainsi ses pensées dans son journal.

Mais François Ier se jeta étourdiment dans les guerres d’Italie. On sait comment il fut pris dans la folle journée de Pavie. Le duc d’Alençon se montra inepte dans cette bataille : ce fut son dernier coup d’épée.

  1. Louise de Savoie, sa mère.