Page:Anatole France - Le Génie latin.djvu/337

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craintives, qui avaient gardé leur fraîcheur à travers les plus étranges aventures, témoignaient du soin fidèle gardé à ses maîtres par le pauvre vagabond revenu hélas ! de toutes ses courses.

Albert Glatigny mourut le 16 avril 1873, dans sa trente-cinquième année. Il avait écrit :

… Que l’on m’enterre un matin De soleil, pour que nul n’essuie, Suivant mon cortège incertain, De vent, de bourrasque ou de pluie. Car, n’ayant jamais fait de mal A quiconque ici, je désire, Quand mon cadavre sépulcral Aura la pâleur de la cire, Ne pas, en m’en allant, occire Des suites d’un rhume fâcheux Quelque pauvre dévoué sire Qui suivra mon corps de faucheux.

Ses amis le conduisirent au cimetière du village par une de ces matinées de printemps, mêlées de pluie et de soleil, qui ressemblent à un sourire dans des larmes.

Sa veuve lui survécut de peu de mois.