Page:Anatole France - Le Génie latin.djvu/7

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Chloé fait des souhaits semblables.

Ah ! dit-elle en songeant à Daphnis, que ne suis-je sa flûte, pour toucher ses lèvres ! Que ne suis-je son petit chevreau, pour qu’il me prenne dans ses bras !

Ces souhaits d’amour, on les retrouve avec une teinte plus mystique, un accent plus religieux, dans une ancienne scolie : Εἴθε λυϱά ϰαλὴ…

Que ne suis-je une belle lyre d’ivoire ! de beaux enfants me porteraient dans le chœur de Dionysos. Que ne suis-je un beau et grand joyau d’or vierge ! une femme me porterait, belle et menant des pensées pures.

S’il fallait rechercher toutes les imitations, on verrait que le texte de Longus est une riche mosaïque dont les pierres ont été choisies avec goût et assemblées artiste ment. Beaucoup de passages, imités par le diégèmatiste, sont perdus pour nous.

Ainsi quand Gnathon se dit :

Remercions les aigles de Jupiter qui souffrent telle beauté demeurer encore sur la terre,

Gnathon imite quelque endroit de Callimaque ou de Philetas que nous n’avons pas, mais dont il nous reste une trace dans ces deux vers de Properce :

Cur hæc in terris faciès humana moratur ?
Jupiter, ignoro pristina furta tua.

Dans le peu qui subsiste de Ménandre, il y a trois vers sur Érôs, le plus puissant des dieux, trois vers agréables que Longus a fondus dans sa prose. C’est une fleur prise au passage ; mais l’auteur de Daphnis et Chloé s’attarde chez le vieil Homère ; il lui