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LE JARDIN D'ÉPICURE

sagesse m’est venue, vous le savez, en 1882, après la publication d’un petit livre de philosophie qui m’avait coûté mille peines et que les philosophes méprisèrent parce qu’il était écrit avec élégance. J’y démontrais que le monde est inintelligible, et je me fâchai quand on me répondit qu’en effet je ne l’avais pas compris. Je voulus alors défendre mon livre ; mais, l’ayant relu, je ne parvins pas à en retrouver le sens exact. Je m’aperçus que j’étais aussi obscur que les plus grands métaphysiciens et qu’on me faisait tort en ne m’accordant pas une part de l’admiration qu’ils inspirent. C’est ce qui me détacha tout à fait des spéculations transcendantes. Je me tournai vers les sciences d’observation et