Page:Anatole France - Le Lys rouge.djvu/192

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des anecdotes où des académiciens dînaient chez des femmes élégantes ; et il entrait dans les soucis de cette dame, très préoccupée depuis plusieurs jours d’acheter une voilette de tulle. Elle n’en trouvait pas à son goût dans les magasins de Florence, et elle regrettait la rue du Bac.

Au sortir de l’église, ils passèrent devant l’échoppe du savetier que Choulette avait pris pour son maître. Le bonhomme rapiéçait des chaussures rustiques. Le basilic élevait près de lui sa boule verte, et le moineau à la patte de bois pépiait.

Madame Martin demanda au vieillard s’il se portait bien, s’il avait assez de travail pour vivre, s’il était content. À toutes ces questions il répondait par le « oui » charmant de l’Italie, le « si », qui chantait doucement dans sa bouche édentée. Elle lui fit dire l’histoire de son moineau. La pauvre bestiole avait un jour trempé sa patte dans la poix bouillante.

— J’ai fait au petit compagnon une jambe de bois avec une allumette, et il se perche sur mon épaule comme autrefois.

— C’est ce bon vieil homme, dit miss Bell, qui enseigne la sagesse à M. Choulette. Il y avait à Athènes un cordonnier nommé Simon, qui écrivait des livres de philosophie et qui était