Page:Anatole France - Le Lys rouge.djvu/341

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de la maison était resserré entre deux hauts pavillons, que haussait encore, sous leurs grands toits d’ardoises, un ordre démesuré de piliers ioniques. Et à cette disposition se reconnaissait l’art de l’architecte Leveau, qui avait construit en 1650 le château de Joinville-Sur-Oise pour ce riche Mareuilles, créature de Mazarin et complice heureux du surintendant Fouquet.

Thérèse et Jacques voyaient devant eux les parterres dont les fleurs formaient de grands rinceaux dessinés par Le Nôtre, le tapis vert, le bassin ; puis la grotte avec ses cinq arcades rustiques et ses termes géants, couronnée par les grands arbres sur lesquels l’automne avait déjà commencé de mettre sa pourpre et son or.

— C’est beau, tout de même, dit Dechartre, cette géométrie verdoyante.

— Oui, dit Thérèse. Mais je songe au platane penché dans la petite cour où l’herbe pousse entre les pierres. Nous y construirons une belle fontaine, n’est-ce pas ? et nous y mettrons des fleurs.

Appuyée contre l’un des lions de pierre, au visage presque humain, qui veillaient sur les fossés comblés au bas des marches, elle se retourna vers le château et, regardant une des lucarnes en gueule de dragon ouverte au-dessus de la corniche :

— C’est là qu’est votre chambre ; j’y suis