Page:Anatole France - Le Mannequin d’osier.djvu/106

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la plus insolente et la plus puissante de toutes. »

M. Bergeret fut distrait en cet endroit de ses réflexions par une compagnie d’hommes, de femmes et d’enfants qui sortaient de chez M. Raynaud. Il discerna que c’était la troupe des parents pauvres, venus pour souhaiter la bonne année au vieillard, et il crut voir qu’ils avaient le nez long sous leurs chapeaux neufs. Il continua de monter l’escalier, car il demeurait au troisième étage, qu’il nommait volontiers la troisième chambre, pour parler comme au xviie siècle. Et, pour illustrer ce terme vieilli, volontiers il citait les vers de La Fontaine :


Que sert à vos pareils de lire incessamment ?
Ils sont toujours logés à la troisième chambre,
Vêtus au mois de juin comme au mois de décembre,
Ayant pour tout laquais leur ombre seulement.


Peut-être faisait-il abus de ces vers, et de cette façon de dire, qui exaspérait madame