Page:Anatole France - Le Mannequin d’osier.djvu/130

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des figures de pierre sculptées au portail de cette vieille église contre laquelle il était né, avait vécu et devait mourir.

— Soyez tranquille, monsieur Bergeret, j’ai votre pointure, et je sais que vous aimez à vous sentir à l’aise dans vos chaussures. Vous avez bien raison, monsieur Bergeret, de ne pas chercher à faire petit pied.

— Mais j’ai le cou-de-pied assez haut et la plante du pied cambrée, objecta M. Bergeret. Prenez-y garde !

M. Bergeret n’était pas vain de son pied. Mais il avait lu un jour que M. de Lamartine montrait avec orgueil son pied nu, hautement coudé et portant sur le sol en arche de pont. Et M. Bergeret s’autorisait de cet exemple pour goûter quelque plaisir à n’avoir pas le pied plat. Il s’assit sur une chaise de paille garnie d’un vieux carré d’Aubusson et regarda l’échoppe et le savetier. Sur le mur, blanchi à la chaux et traversé de lézardes profondes, un brin de