Page:Anatole France - Le Mannequin d’osier.djvu/168

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tristes, entre les fentes du rideau, sur l’osier mutilé du mannequin, elle s’attendrit sur elle-même, se trouva innocente et s’avisa que M. Bergeret était cruel. Elle se révolta. Elle n’admettait pas qu’Amélie Pouilly souffrît par le fait d’un Bergeret. Elle consulta mentalement l’âme de son père et elle se fortifia dans cette idée que M. Bergeret était un trop petit homme pour la rendre malheureuse. Cet orgueil la soulagea. Elle mit, ce jour-là, du cœur à s’habiller. Elle s’encouragea à croire qu’elle n’était pas diminuée et que rien n’était perdu.

C’était le jour de madame Leterrier, la femme respectée du recteur. Madame Bergeret alla voir madame Leterrier et dans le salon bleu, en présence de madame Compagnon, femme du professeur de mathématiques, elle poussa, après les premières politesses, un soupir, non point celui d’une victime, mais un soupir guerrier.

Et tandis que les deux dames universi-