Page:Anatole France - Le Mannequin d’osier.djvu/226

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— Monsieur Bergeret, demeurez ; monsieur Tabarit n’a pas peur des mécréants.

Mais l’aumônier de la prison, plein de sa pensée, continua son discours.

— Qui ne serait touché comme moi de ce que j’ai vu ? Cet enfant nous a tous édifiés par la sincérité de son repentir, par l’expression simple et vraie des sentiments les plus chrétiens. Son maintien, son regard, ses paroles, toute sa personne révélait la douceur, la modestie, une entière soumission à la volonté de Dieu. Il n’a cessé de donner le spectacle le plus consolant et l’exemple le plus salutaire. Ses bonnes dispositions, le réveil de la foi, trop longtemps endormie dans son cœur, son élan suprême vers le Dieu qui pardonne, tels furent les fruits bénis de mes exhortations.

Le vieillard s’attendrissait, avec la sincérité facile des âmes pures, légères et vaines. Une vraie douleur brouillait ses gros yeux à fleur de tête et son pauvre nez rouge,