Page:Anatole France - Le Mannequin d’osier.djvu/337

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couleur, la forme mince et souple, la vénusté gracile de cette fille avaient plus d’une fois, dans les longues séances, flotté sous ses yeux devant les feuillets jaunes de Servius ou de Domat. Elle se nommait Mathilde et passait pour aimer les jolis garçons. M. Bergeret était d’ordinaire plein d’indulgence pour les amoureux. Mais l’idée que M. Roux plaisait à Mathilde lui fut désagréable.

— C’était le soir, après la séance, poursuivit le commandeur Aspertini. J’avais copié trois lettres inédites de Muratori, qui ne figurent point au catalogue. En traversant la cour où sont rangés les débris des monuments antiques de votre ville, je vis, sous le tilleul, près du puits, non loin de la stèle des Bateliers gallo-romains, la jeune concierge aux cheveux d’or qui, les yeux baissés, écoutait, en balançant ses grosses clefs au bout de ses doigts, les propos de monsieur Roux, votre élève. Ce qu’il disait n’était pas bien différent sans doute de ce