Page:Anatole France - Le Mannequin d’osier.djvu/44

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en fut soulevé et alla choir aux pieds étonnés du militaire. Une fille parut, roussotte, louchon, sans front, et dont la robuste laideur, trempée de jeunesse et de force, reluisait. Ses joues rondes et ses bras nus avaient l’éclat du vermillon triomphal. Elle se campa devant M. Bergeret et, brandissant la pelle au charbon, cria :

— Je m’en vas !

C’était la jeune Euphémie qui, après une querelle avec madame Bergeret, refusait le service. Elle répéta :

— Je m’en vas chez nous !

M. Bergeret lui dit :

— Allez, ma fille, en silence !

Elle répéta plusieurs fois :

— Je m’en vas ! Madame me ferait tourner en bourrique.

Et elle ajouta plus tranquillement abaissant sa pelle :

— Et puis il se passe ici des choses que j’aime mieux ne pas voir.