Page:Anatole France - Le Mannequin d’osier.djvu/83

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dents de jeune loup. Il était content. Son génie heureux, qui avait découvert le secret du métier militaire, venait de remporter un nouvel avantage. M. Roux avait obtenu, ce matin même, un congé de quinze jours pour se guérir d’une lésion indéfinie et peu sensible du genou.

— Heureux homme ! s’écria M. Bergeret. Pour tromper, il n’a pas même besoin de mentir.

Puis, se tournant vers M. Compagnon :

— Monsieur Roux, mon élève, ajouta-t-il, est l’espoir de la métrique latine. Mais, par un étrange contraste, ce jeune humaniste, qui mesure si rigoureusement les vers d’Horace et de Catulle, compose lui-même en français des vers qu’il ne scande pas avec exactitude, et dont je ne puis, je l’avoue, saisir le rythme indéterminé. En un mot, monsieur Roux fait des vers libres.

— Vraiment ? dit M. Compagnon avec politesse.