Page:Anatole France - Les Contes de Jacques Tournebroche.djvu/112

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— Monsieur, répondit le bon M. Chanterelle, appuyé sur le bras de M. Spon, et s’efforçant de régler son pas chancelant sur celui de son impétueux compagnon, « monsieur, je n’étais, avant ma maladie, qu’un misérable pécheur, n’ayant souci que de traiter mes amis avec civilité et de régler ma conduite sur les principes de la probité et de l’honneur. La Providence a daigné me tirer de cet abîme ; je me gouverne depuis ma conversion par les avis de mon directeur. Mais j’ai été assez léger et vain pour ne le point interroger à l’endroit des étrennes. Ce que vous m’en dites, monsieur, avec l’autorité d’un homme excellent pour les mœurs comme pour la doctrine, me confond.

— Je vais vous confondre en effet, reprit M. Spon, et vous éclairer, non par mes lumières, qui sont faibles, mais par celles d’un grand docteur. Asseyez-vous sur cette borne. »

Et, poussant au coin d’une porte cochère M. Chanterelle, qui s’y ajusta le mieux qu’il put, M. Spon tira de sa poche un petit livre relié en parchemin, l’ouvrit, le feuilleta et s’arrêta sur cet endroit, qu’il se mit à lire tout