Page:Anatole France - Les Contes de Jacques Tournebroche.djvu/158

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Et, avant de prendre les repos nécessaires, il poussait un cri aigu accompagné d’une vibration stridente des cordes.

Après qu’il avait dit un nombre de vers égal à deux fois le nombre des doigts de ses mains, il les faisait répéter aux enfants qui les criaient tous ensemble d’une voix perçante en touchant, à l’exemple du maître, leurs petites lyres, qu’ils avaient taillées eux-mêmes dans du bois, et qui ne rendaient point de son.

Le Vieillard répétait les mêmes vers avec patience jusqu’à ce que les petits chanteurs les eussent retenus exactement. Il louait les enfants attentifs, mais ceux qui manquaient de mémoire ou d’esprit, il les frappait du bois de sa lyre et ils allaient pleurer contre un pilier de la salle. Il donnait l’exemple du chant ; mais il n’y joignait point de préceptes, parce qu’il croyait que les choses de la poésie étaient établies anciennement et hors du jugement des hommes. Les seuls conseils qu’il leur donnât regardaient la bienséance.

Il leur disait :