Page:Anatole France - Les Contes de Jacques Tournebroche.djvu/168

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qu’elle avait mis les prétendants dans sa couche ; et que lui-même, châtié par les Dieux, erra sans repos parmi les peuples, une rame sur l’épaule.

Oineus répondit :

— J’ai appris dans mes voyages qu’Ulysse était mort, tué de la main de son fils.

Cependant Mégès distribuait aux convives la chair des bœufs. Et il présentait à chacun le morceau convenable. Oineus l’en loua grandement.

— Mégès, lui dit-il, on voit que tu es accoutumé à donner des festins.

Les bœufs de Mégès se nourrissaient des herbes odorantes qui croissent au flanc des montagnes. Leur chair en était toute parfumée, et les héros ne pouvaient s’en rassasier. Et comme Mégès remplissait à tout moment une coupe profonde qu’il passait ensuite à ses hôtes, le repas se prolongea très avant dans la journée. Nul n’avait souvenir d’un si beau festin.

Le soir était près de descendre dans la mer, quand les bouviers, qui gardaient dans la montagne les troupeaux de Mégès, vinrent