Page:Anatole France - Les Contes de Jacques Tournebroche.djvu/187

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comme un troupeau d’élans sous l’épieu du chasseur.

Lorsqu’ils eurent atteint, vers le soir, le grand village voisin, de la côte, les chefs s’assirent sur les pierres rangées en cercle autour de l’esplanade, et tinrent conseil. Ils prolongèrent leur délibération tout le long de la nuit, et quand l’aube commença d’éclairer l’horizon, tandis que le chant de l’alouette perçait le ciel gris, ils se rendirent dans la hutte où Komm l’Atrébate était enchaîné depuis trente jours. Ils le regardèrent avec respect, à cause des Romains, le délièrent, lui offrirent une boisson faite avec le jus fermenté des merises, lui rendirent ses armes, ses chevaux, ses compagnons et, lui adressant des paroles flatteuses, le supplièrent de les accompagner au camp des Romains et de demander pardon pour eux à César le Puissant.

— Tu le persuaderas de nous être ami, lui dirent-ils, car tu es sage, et tes paroles sont agiles et pénétrantes comme des flèches. Parmi tous les ancêtres dont le souvenir nous a été gardé dans des chants, il ne s’en