Page:Anatole France - Les Contes de Jacques Tournebroche.djvu/92

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et la pressa de se mettre un cilice sur la peau, incomparable remède contre les mauvais désirs et médecine sans seconde pour les créatures enclines aux péchés de la chair.

Elle lui dit :

— Bon frère, ne m’en demandez pas trop.

Mais il ne l’écouta pas et il la menaça de l’enfer si elle ne s’amendait point. Il lui dit ensuite qu’il ferait volontiers les commissions dont elle le chargerait. Il espérait qu’elle le prierait de rapporter pour elle quelque médaille bénite, un rosaire ou mieux encore un peu de cette terre du Saint-Sépulcre que les Turcs apportent de Jérusalem avec des roses séchées et que vendent les moines italiens. Mais madame Violante lui fit cette requête :

— Beau petit frère, puisque vous allez à Venise où il y a d’habiles miroitiers, je vous serai fort obligée de m’en rapporter un miroir, le plus clair qu’il se pourra trouver.

Frère Jean Turelure promit de la contenter.

Pendant l’absence de son confesseur, madame Violante mena la même vie que devant. Et quand messire Philippe lui disait : « Ne ferait-