Page:Anatole France - Les Sept Femmes de la Barbe-Bleue.djvu/127

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intérieur dont il était embrasé, la simplicité de sa vie, son courage inébranlable, touchaient les cœurs. À la voix du réformateur, la vieille cité évangélisée par saint Cromadaire, édifiée par sainte Gibbosine, tomba dans le désordre et la dissolution ; il s’y commettait, nuit et jour, toutes sortes d’extravagances et d’impiétés. En vain le grand saint Nicolas avertissait ses ouailles, exhortait, menaçait, fulminait. Le mal augmentait sans cesse et l’on observait avec douleur que la contagion s’étendait sur les riches bourgeois, les seigneurs et les clercs autant et plus que sur les pauvres artisans et les gens de petits métiers.

Un jour que l’homme de Dieu gémissait dans le cloître de la cathédrale sur le déplorable état de l’église de Vervignole, il fut distrait de ses méditations par des hurlements bizarres et vit une femme qui marchait toute nue, à quatre pattes, avec une plume de paon plantée en guise de queue.