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histoire

Après plusieurs années de mariage, la reine Satine donna au roi son époux une fille qui reçut les noms de Paule-Marie-Aurore. Les fêtes du baptême furent réglées, par le duc des Hoisons, grand maître des cérémonies, d’après un formulaire qui datait de l’empereur Honorius et où l’on ne pouvait rien déchiffrer tant il était moisi et rongé des rats.

Il y avait encore des fées en ce temps-là, et celles qui étaient titrées allaient à la Cour. Sept d’entre elles furent priées d’être marraines, la reine Titania, la reine Mab, la sage Viviane, élevée par Merlin dans l’art des enchantements, Mélusine, dont Jean d’Arras écrivit l’histoire et qui devenait serpente tous les samedis (mais le baptême se fit un dimanche), Urgèle, la blanche Anna de Bretagne et Mourgue qui emmena Ogier le Danois dans le pays d’Avalon.

Elles parurent au château en robes couleur du temps, du soleil, de la lune, et des