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LES DIEUX ONT SOIF

publiques et à l’Académie, qui en était l’expression. Mais l’Académie venait d’être heureusement supprimée, et sous l’influence des principes nouveaux, David et son école créaient un art digne d’un peuple libre. Parmi les jeunes peintres, Gamelin mettait sans envie au premier rang Hennequin et Topino-Lebrun. Philippe Dubois préférait Regnault, son maître, à David et fondait sur le jeune Gérard l’espoir de la peinture.

Élodie complimentait la citoyenne Thévenin sur sa toque de velours rouge et sa robe blanche. Et la comédienne félicitait ses deux compagnes de leurs toilettes et leur indiquait les moyens de faire mieux encore : c’était, à son avis, de retrancher sur les ornements.

— On n’est jamais assez simplement mise, disait-elle. Nous apprenons cela au théâtre où le vêtement doit laisser voir toutes les attitudes. C’est là sa beauté, il n’en veut point d’autre.

— Vous dites bien, ma belle, répondait Élodie. Mais rien n’est plus coûteux en toilette que la simplicité. Et ce n’est pas toujours par mauvais goût que nous mettons des fanfreluches ; c’est quelquefois par économie.

Elles parlèrent avec intérêt des modes de l’automne, robes unies, tailles courtes.

— Tant de femmes s’enlaidissent en suivant