Page:Anatole France - M. Bergeret à Paris.djvu/195

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crut l’empêcher de parler au procès Zola. Il parla. Il parla avec la tranquillité du juste, dans la sérénité d’une âme sans crainte et sans désirs. Ni faiblesses ni outrances en ses paroles. Le ton d’un homme qui fait son devoir ce jour-là comme les autres jours, sans songer un moment qu’il y a, cette fois, un singulier courage à le faire. Ni les menaces ni les persécutions ne le firent hésiter une minute.

» Plusieurs personnes ont dit que pour accomplir sa tâche, pour établir l’innocence d’un juif et le crime d’un chrétien, il avait dû surmonter des préjugés cléricaux, vaincre des passions antisémites enracinés dans son cœur dès son jeune âge, tandis qu’il grandissait sur cette terre d’Alsace et de France qui le donna à l’armée et à la patrie. Ceux qui le connaissent savent qu’il n’en est rien, qu’il n’a de fanatisme d’aucune sorte, que jamais aucune de ses pensées ne fut d’un sectaire, que sa haute intelligence l’élève au-