Page:Anatole France - Sur la pierre blanche.djvu/47

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coutume, avec son frère Annaeus Méla, conversant sur l’ordre de la nature et les vicissitudes de la fortune. Dans le ciel rose le soleil se levait humide et candide. Les ondulations douces des collines de l’Isthme cachaient le rivage saronique, le Stade, le sanctuaire des jeux, le port oriental de Kenkhrées. Mais on voyait, entre les flancs fauves des monts Géraniens et le rose Hélicon à la double cime, dormir la mer bleue des Alcyons. Au loin, vers le septentrion, brillaient les trois sommets neigeux du Parnasse. Gallion et Méla s’avancèrent jusqu’au bord de la haute terrasse. À leurs pieds s’étendait Corinthe sur un vaste plateau de sable pâle, incliné doucement vers les bords écumeux du golfe. Les dalles du forum, les colonnes de la basilique, les gradins du cirque, les blancs degrés des propylées étincelaient, et les faîtes dorés des temples jetaient des éclairs. Vaste et neuve, la ville était coupée de rues droites. Une voie large descendait jusqu’au