Page:Anatole France - Sur la pierre blanche.djvu/52

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nière que Méla eût longtemps vécu obscur en Bétique, tout occupé de l’administration de ses vastes domaines, et qu’appelé ensuite à Rome par son frère le philosophe, il s’y fût attaché à la gestion des finances impériales plutôt que de rechercher de grands emplois judiciaires ou militaires. On ne pouvait pas aisément décider de son caractère sur ses discours parce qu’il tenait le langage des stoïciens, aussi propre à cacher les faiblesses de l’âme qu’à révéler la grandeur des sentiments. C’était alors une élégance que de venir des discours vertueux. Du moins est-il certain que Méla pensait hautement.

Il répondit à son frère que, sans être versé comme lui dans les affaires publiques, il avait eu sujet d’admirer la puissance et la sagesse des Romains.

— Elles se montrent, dit-il, jusqu’au fond de notre Espagne. Mais c’est dans une gorge sauvage des monts thessaliens que j’ai le