Page:Anatole France - Thaïs.djvu/136

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tombé avec toi dans le péché, car je ne suis par moi-même que faiblesse et que trouble. Mais il nous a sauvés tous deux ; il est aussi bon qu’il est puissant et son nom est Sauveur. Il a été promis au monde par David et la Sibylle, adoré dans son berceau par les bergers et les mages, crucifié par les Pharisiens, enseveli par les saintes femmes, révélé au monde par les apôtres, attesté par les martyrs. Et le voici qui, ayant appris que tu crains la mort, ô femme ! vient dans ta maison pour t’empêcher de mourir ! N’est-ce pas, ô mon Jésus ! que tu m’apparais en ce moment, comme tu apparus aux hommes de Galilée en ces jours merveilleux où les étoiles, descendues avec toi du ciel, étaient si près de la terre, que les saints Innocents pouvaient les saisir dans leurs mains, quand ils jouaient aux bras de leurs mères, sur les terrasses de Bethléem ? N’est-ce pas, mon Jésus, que nous sommes en ta compagnie et que tu me montres la réalité de ton corps précieux ? N’est-ce pas que c’est là ton visage et que cette larme qui coule sur ta joue est une larme véritable ? Oui, l’ange de la justice éternelle la recueillera, et ce sera la rançon de