Page:Anatole France - Thaïs.djvu/157

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listins parce qu’ils composaient des poèmes orphiques et des fables comme celles d’Ésope. Il fut l’implacable ennemi de la science et de la beauté, et le genre humain expia pendant de longs siècles, dans le sang et les larmes, la défaite du serpent ailé. Heureusement il se trouva parmi les Grecs des hommes subtils, tels que Pythagore et Platon, qui retrouvèrent, par la puissance du génie, les figures et les idées que l’ennemi de Iaveh avait tenté vainement d’enseigner à la première femme. L’esprit du serpent était en eux ; c’est pourquoi le serpent, comme l’a dit Dorion, est honoré par les Athéniens. Enfin, dans des jours plus récents, parurent, sous une forme humaine, trois esprits célestes, Jésus de Galilée, Basilide et Valentin, à qui il fut donné de cueillir les fruits les plus éclatants de cet arbre de la science dont les racines traversent la terre et qui porte sa cime au faîte des cieux. C’est ce que j’avais à dire pour venger les chrétiens à qui l’on impute trop souvent les erreurs des Juifs.

DORION

Si je t’ai bien entendu, Zénothémis, trois