Page:Anatole France - Thaïs.djvu/193

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jusqu’aux anneaux de leurs oreilles. Enfin, rajustant leurs voiles et traînant languissamment leurs pieds, qu’entravaient de minces chaînettes d’or, parurent, l’air maussade, six belles esclaves blanches. Quand ils furent tous réunis, Thaïs leur dit en montrant Paphnuce :

— Faites ce que cet homme va vous ordonner, car l’esprit de Dieu est en lui et, si vous lui désobéissiez, vous tomberiez morts.

Elle croyait en effet, pour l’avoir entendu dire, que les saints du désert avaient le pouvoir de plonger dans la terre entr’ouverte et fumante les impies qu’ils frappaient de leur bâton.

Paphnuce renvoya les femmes et avec elles les esclaves grecs qui leur ressemblaient et dit aux autres :

— Apportez du bois au milieu de la place, faites un grand feu et jetez-y pêle-mêle tout ce que contient la maison et la grotte.

Surpris, ils demeuraient immobiles et consultaient leur maîtresse du regard. Et comme elle restait inerte et silencieuse, ils se pressaient les uns contre les autres, en tas, coude à coude, doutant si ce n’était pas une plaisanterie.