Page:Anatole France - Thaïs.djvu/202

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sant les vieilles femmes, foulant aux pieds les petits enfants, il parvint jusqu’à Thaïs et la tirant à part :

— Belle fille, lui dit-il, regarde-moi, souviens-toi, et dis si vraiment tu renonces à l’amour.

Mais Paphnuce se jetant entre Thaïs et Cérons :

— Impie, s’écria-t-il, crains de mourir si tu touches à celle-ci : elle est sacrée, elle est la part de Dieu.

— Va-t’en, cynocéphale ! répliqua le jeune homme furieux ; laisse-moi parler à mon amie, sinon je traînerai par la barbe ta carcasse obscène jusque dans ce feu où je te grillerai comme une andouille.

Et il étendit la main sur Thaïs. Mais repoussé par le moine avec une raideur inattendue, il chancela et alla tomber à quatre pas en arrière, au pied du bûcher dans les tisons écroulés.

Cependant le vieux Taddée allait de l’un à l’autre, tirant l’oreille aux esclaves et baisant la main aux maîtres, excitant chacun contre Paphnuce, et déjà il avait formé une petite troupe qui marchait résolument sur le moine