Page:Anatole France - Thaïs.djvu/240

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ordinaire, et ils exhortèrent Paphnuce à descendre.

— Un tel genre de vie est contraire à l’usage, disaient-ils ; il est singulier et hors de toute règle.

Mais Paphnuce leur répondit :

— Qu’est-ce donc que la vie monacale sinon une vie prodigieuse ? Et les travaux du moine ne doivent-ils pas être singuliers comme lui-même ? C’est par un signe de Dieu que je suis monté ici ; c’est un signe de Dieu qui m’en fera descendre.

Tous les jours des religieux venaient par troupe se joindre aux disciples de Paphnuce et se bâtissaient des abris autour de l’ermitage aérien. Plusieurs d’entre eux, pour imiter le saint, se hissèrent sur les décombres du temple ; mais blâmés de leurs frères et vaincus par la fatigue, ils renoncèrent bientôt à ces pratiques.

Les pèlerins affluaient. Il y en avait qui venaient de très loin et ceux-là avaient faim et soif. Une pauvre veuve eut l’idée de leur vendre de l’eau fraîche et des pastèques. Adossée à la colonne, derrière ses bouteilles de terre rouge, ses tasses et ses fruits, sous une