Page:Anatole France - Thaïs.djvu/271

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— Regarde. Les uns cherchent la beauté éternelle et ils mettent l’infini dans leur vie éphémère. Les autres vivent sans grande pensée. Mais par cela seul qu’ils cèdent à la belle nature, ils sont heureux et beaux et seulement en se laissant vivre, ils rendent gloire à l’artiste souverain des choses ; car l’homme est un bel hymne de Dieu. Ils pensent tous que le bonheur est innocent et que la joie est permise. Paphnuce, si pourtant ils avaient raison, quelle dupe tu serais !

Et la vision s’évanouit.

C’est ainsi que Paphnuce était tenté sans trêve dans son corps et dans son esprit. Satan ne lui laissait pas un moment de repos. La solitude de ce tombeau était plus peuplée qu’un carrefour de grande ville. Les démons y poussaient de grands éclats de rire, et des millions de larves, d’empuses, de lémures y accomplissaient le simulacre de tous les travaux de la vie. Le soir, quand il allait à la fontaine, des satyres mêlés à des faunesses dansaient autour de lui et l’entraînaient dans leurs rondes lascives. Les démons ne le craignaient plus, ils l’accablaient de railleries, d’injures obscènes et