Page:Anatole France - Thaïs.djvu/275

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père ne m’aime plus, puisqu’il ne m’écoute pas, songe que je n’ai que toi. De lui à moi, rien n’est possible ; je ne puis le comprendre, et il ne peut me plaindre. Mais toi, tu es né d’une femme et c’est pourquoi j’espère en toi. Souviens-toi que tu as été homme. Je t’implore, non parce que tu es Dieu de Dieu, lumière de lumière, Dieu vrai du Dieu vrai, mais parce que tu vécus pauvre et faible, sur cette terre où je souffre, parce que Satan voulut tenter ta chair, parce que la sueur de l’agonie glaça ton front. C’est ton humanité que je prie, mon Jésus, mon frère Jésus !

Après qu’il eut prié ainsi, en se tordant les mains, un formidable éclat de rire ébranla les murs du tombeau, et la voix qui avait résonné sur le faîte de la colonne dit en ricanant :

— Voilà une oraison digne du bréviaire de Marcus l’hérétique. Paphnuce est arien ! Paphnuce est arien !

Comme frappé de la foudre le moine tomba inanimé.

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Quand il rouvrit les yeux, il vit autour de lui des religieux revêtus de cucules noires, qui