Page:Anatole France - Thaïs.djvu/296

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fièvre dont elle meurt. Comme, pendant sa maladie, elle demande sans cesse à voir le ciel, je la fais porter chaque matin dans la cour, près du puits, sous l’antique figuier, à l’ombre duquel les abbesses de ce couvent ont coutume de tenir leurs assemblées ; tu l’y trouveras, père vénérable ; mais hâte-toi, car Dieu l’appelle et ce soir un suaire couvrira ce visage que Dieu fit pour le scandale et pour l’édification du monde.

Paphnuce suivit Albine dans la cour inondée de lumière matinale. Le long des toits de brique des colombes formaient une file de perles. Sur un lit, à l’ombre du figuier, Thaïs reposait toute blanche, les bras en croix. Debout à ses côtés, des femmes voilées récitaient les prières de l’agonie.

Aie pitié de moi, mon Dieu, selon ta grande mansuétude et efface mon iniquité selon la multitude de tes miséricordes !

Il l’appela :

— Thaïs !

Elle souleva les paupières et tourna du côté de la voix les globes blancs de ses yeux.

Albine fit signe aux femmes voilées de s’éloigner de quelques pas.