Page:Anatole France - Thaïs.djvu/40

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— Mon ami, répondit-il doucement, que t’importent les raisons d’un chien endormi dans la fange et d’un singe malfaisant ?

Paphnuce n’avait jamais en vue que la gloire de Dieu. Sa colère étant tombée, il s’excusa avec une noble humilité.

— Pardonne-moi, dit-il, ô vieillard, ô mon frère, si le zèle de la vérité m’a emporté au delà des justes bornes. Dieu m’est témoin que c’est ton erreur et non ta personne que je haïssais. Je souffre de te voir dans les ténèbres, car je t’aime en Jésus-Christ et le soin de ton salut occupe mon cœur. Parle, donne-moi tes raisons : je brûle de les connaître afin de les réfuter.

Le vieillard répondit avec quiétude :

— Je suis également disposé à parler et à me taire. Je te donnerai donc mes raisons, sans te demander les tiennes en échange, car tu ne m’intéresses en aucune manière. Je n’ai souci ni de ton bonheur ni de ton infortune et il m’est indifférent que tu penses d’une façon ou d’une autre. Et comment t’aimerais-je ou te haïrais-je ? L’aversion et la sympathie sont également indignes du sage. Mais, puisque tu