Page:Ancelot - Les salons de Paris : foyers éteints.djvu/102

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Les scènes de ce genre se renouvelaient souvent, mais les réunions nombreuses continuaient toujours.

Parmi les hommes qui fréquentaient habituellement la maison était alors Balzac ; je le connaissais dès longtemps ; il allait dans les mêmes maisons que moi et venait à mes soirées : il y avait ainsi un certain nombre de personnes s’occupant de littérature et d’art, qui se retrouvaient chaque soir dans des maisons où, comme chez Gérard et chez moi, on recevait toute l’année. C’était extrêmement agréable, on avait mille choses à se dire ; car plus on se voit souvent, plus il y a de sujets de conversation ; ils naissent les uns des autres, et l’esprit et le cœur y gagnent également.

Je retrouvai Balzac avec joie chez la duchesse d’Abrantès, mais je l’y trouvai tout différent de ce que je l’avais vu jusque-là ; les merveilles de l’Empire l’exaltaient alors au point de donner à ses relations avec la duchesse une vivacité qui ressemblait à la passion. Le premier soir, il me dit :

— Cette femme a vu Napoléon enfant, elle l’a vu jeune homme, encore inconnu, elle l’a vu occupé des choses ordinaires de la vie, puis elle l’a