Page:Andersen - Contes d'Andersen, traduit par Soldi, Librairie Hachette et Cie, 1876.djvu/102

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est cette princesse dont vous parlez tant ici, et où est situé le jardin du Paradis ?

— Oh, oh ! répondit le Vent d’Est, si tu veux y aller, accompagne-moi demain ; seulement je dois te faire observer que depuis Adam et Ève aucun homme n’y a mis les pieds. Est-ce que tu ne sais pas cela par la Bible ?

— Certainement, dit le prince.

— Lorsqu’ils furent chassés, continua le Vent d’Est, le jardin du Paradis s’enfonça dans la terre, tout en conservant l’éclat bienfaisant du soleil, sa douce température et toute sa magnificence. Il sert de résidence à la reine des fées, et il renferme l’île de la Félicité, séjour délicieux où la mort est inconnue. Tu pourras grimper demain sur mon dos, et je t’emmènerai, je crois, sans difficulté. Mais à présent, tais-toi ; j’ai besoin de dormir. »

Là-dessus ils s’endormirent tous.

Le lendemain, en s’éveillant, le prince ne fut pas peu surpris de se trouver au milieu des nuages ; le Vent d’Est le portait fidèlement sur ses épaules. Ils montèrent si haut, que les forêts, les champs, les fleuves et les lacs ne semblaient plus à leurs yeux qu’une grande carte géographique coloriée.

« Bonjour, dit le Vent d’Est ; tu aurais bien pu dormir encore un peu, car il n’y a pas grand’chose à voir dans le pays plat au-dessous de nous, à moins que tu n’aies envie de compter les églises,