Page:Andersen - Contes d'Andersen, traduit par Soldi, Librairie Hachette et Cie, 1876.djvu/123

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fait noir et que nous dormons nous autres, elles sautent et s’en donnent à cœur joie, presque toutes les nuits.

— Et les enfants ne peuvent-ils pas aller à leur bal ?

— Si, répondit l’étudiant ; les enfants du jardin, les petites marguerites et les petits muguets.

— Où dansent-elles, les belles fleurs ? demanda la petite Ida.

— N’es-tu jamais sortie de la ville, du côté du grand château où le roi fait sa résidence l’été, et où il y a un jardin magnifique rempli de fleurs ? Tu as bien vu les cygnes qui nagent vers toi, quand tu leur donnes des miettes de pain ? Crois-moi, c’est là que se donnent les grands bals.

— Mais je suis allée hier avec maman au jardin, répliqua la jeune fille ; il n’y avait plus de feuilles aux arbres, et pas une seule fleur. Où sont-elles donc ? J’en ai tant vu pendant l’été !

— Elles sont dans l’intérieur du château, dit l’étudiant. Dès que le roi et les courtisans retournent à la ville, les fleurs quittent promptement le jardin, entrent dans le château et mènent joyeuse vie. Oh ! si tu voyais cela ! Les deux plus belles roses s’asseyent sur le trône, et elles sont roi et reine. Les crêtes-de-coq écarlates se rangent des deux côtés et s’inclinent : ce sont les officiers de la maison royale. Ensuite viennent les