Page:Andersen - Contes d'Andersen, traduit par Soldi, Librairie Hachette et Cie, 1876.djvu/129

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porte entre-bâillée. Elle écouta, et il lui sembla qu’elle entendait toucher du piano dans le salon, mais si doucement et si délicatement qu’elle n’avait jamais entendu rien de pareil.

« Ce sont sans doute les fleurs qui dansent. Ah ! mon Dieu ! que je voudrais les voir ! »

Mais elle n’osa pas se lever tout à fait, de peur de réveiller son père et sa mère.

« Oh ! si elles voulaient entrer ici ! pensa-t-elle.

Mais les fleurs ne vinrent pas, et la musique continua de jouer bien doucement. À la fin, elle ne put y tenir ; c’était trop joli. Elle quitta son petit lit et alla sur la pointe du pied à la porte pour regarder dans le salon. Oh ! que c’était superbe, ce qu’elle vit !

Il n’y avait point de veilleuse, il est vrai ; mais pourtant il y faisait bien clair. Les rayons de la lune tombaient par la fenêtre sur le plancher ; on y voyait presque comme en plein jour. Toutes les jacinthes et les tulipes étaient debout sur deux longues rangées ; pas une ne restait à la fenêtre ; tous les pots étaient vides. Sur le plancher, toutes les fleurs dansaient joliment les unes au milieu des autres, faisaient toute espèce de figures, et se tenaient par leurs longues feuilles vertes pour faire la grande ronde. Au piano était assis un grand lis jaune, avec qui la petite Ida avait fait connaissance dans l’été ; car elle se rappelait fort