Page:Andersen - Contes d'Andersen, traduit par Soldi, Librairie Hachette et Cie, 1876.djvu/143

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le pauvre mort tranquille. J’espère que je ferai mon chemin sans cet argent ; je suis fort et bien portant, et le bon Dieu m’aidera.

— Oui, répondirent les vilains hommes ; si tu veux payer sa dette, nous ne lui ferons rien, tu peux compter là-dessus. »

Et ils prirent l’argent que Jean leur donnait, rirent tout haut de sa bonté, et s’en allèrent. Jean arrangea le cadavre dans le cercueil, lui joignit les mains et, lui disant adieu, se dirigea vers la grande forêt.

Partout où la lune perçait le feuillage, il vit les gracieux petits génies de la forêt qui jouaient gaiement. Ceux-ci ne se dérangèrent pas, car ils savaient l’innocence de Jean, et il n’y a que les méchants auxquels ils restent invisibles. Quelques-uns d’entre eux n’étaient pas plus grands qu’un doigt ; leurs longs cheveux blonds étaient relevés avec un peigne d’or. Deux par deux ils se balançaient sur les grosses gouttes que forme la rosée sur les feuilles et sur les herbes. Quelquefois la goutte roulait en bas ; alors ils tombaient entre les longues pailles, et c’étaient parmi les autres petits êtres de grands éclats de rire. Que tout cela était amusant ! Ils chantèrent, et Jean reconnut distinctement toutes les chansons qu’il avait apprises étant petit garçon. De grandes araignées bigarrées, avec des couronnes d’argent sur