Page:Andersen - Contes d'Andersen, traduit par Soldi, Librairie Hachette et Cie, 1876.djvu/198

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du monde ! Elle lui témoigna peu à peu toute son estime, et en dansant encore une fois ensemble, elle trahit son amour par des regards qui semblaient le pénétrer. Néanmoins, comme c’était une fille réfléchie, elle se dit : « Il est instruit, c’est bon ; il danse parfaitement, c’est encore bon ; mais possède-t-il des connaissances profondes ? C’est ce qu’il y a de plus important ; je vais l’examiner un peu à ce sujet. »

Et elle commença à l’interroger sur des choses tellement difficiles, qu’elle n’aurait pu y répondre elle-même. L’Ombre fit une grimace.

« Vous ne savez donc pas répondre ? dit la princesse.

— Je savais tout cela dans mon enfance, répondit l’Ombre, et je suis sûr que mon ombre, que vous voyez là-bas devant la porte, y répondra facilement.

— Votre ombre ! ce serait bien étonnant.

— Je n’en suis pas tout à fait certain, mais je le crois, puisqu’elle m’a suivi et écouté pendant tant d’années. Seulement, Votre Atesse Royale me permettra d’appeler son attention sur un point tout particulier ; cette ombre est tellement fière d’appartenir à un homme, que, pour la trouver de bonne humeur, ce qui est nécessaire pour qu’elle réponde bien, il faut la traiter absolument comme un homme.

— Je l’approuve, » dit la princesse.