Page:Andersen - Contes d'Andersen, traduit par Soldi, Librairie Hachette et Cie, 1876.djvu/199

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Puis elle s’approcha du savant pour lui parler du soleil, de la lune, de l’homme sous tous les rapports ; il répondait convenablement et avec beaucoup d’esprit.

« Quel homme distingué, pensa-t-elle, pour avoir une ombre aussi sage ! Ce serait une bénédiction pour mon peuple, si je le choisissais pour époux. »

Bientôt la princesse et l’Ombre arrêtèrent leur mariage ; mais personne ne devait le savoir avant que la princesse fût de retour dans son royaume.

« Personne ! pas même mon ombre, » dit l’Ombre, qui avait ses raisons pour cela.

Lorsqu’ils furent arrivés dans le pays de la princesse, l’Ombre dit au savant : « Écoute, mon ami, je suis devenu heureux et puissant au dernier point, et je vais maintenant te donner une marque particulière de ma bienveillance. Tu demeureras dans mon palais, tu prendras place à côté de moi dans ma voiture royale, et tu recevras cent mille écus par an. Cependant j’y mets une condition ; c’est que tu te laisses qualifier d’ombre par tout le monde. Jamais tu ne diras que tu as été un homme, et une fois par an, lorsque je me montrerai au peuple sur le balcon éclairé par le soleil, tu te coucheras à mes pieds comme une ombre. Il est convenu que j’épouse la princesse, et la noce se fait ce soir.