Page:Andersen - Contes d'Andersen, traduit par Soldi, Librairie Hachette et Cie, 1876.djvu/200

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— Non, c’en est trop ! s’écria le savant ; jamais je ne consentirai à cela ; je détromperai la princesse et tout le pays. Je veux dire toute la vérité : je suis un homme, et toi, tu n’es qu’une ombre habillée.

— Personne ne te croira : sois raisonnable, ou j’appelle la garde.

— Je vais de ce pas trouver la princesse.

— Mais moi j’arriverai le premier, et je te ferai jeter en prison. »

Puis l’Ombre appela la garde, qui obéissait déjà au fiancé de la princesse, et le savant fut emmené.

« Tu trembles ! dit la princesse en revoyant l’Ombre ; qu’y a-t-il donc ? Prends garde de tomber malade le jour de ta noce.

— Je viens d’essuyer une scène cruelle ; mon ombre est devenue folle. Figure-toi qu’elle s’est mis en tête qu’elle est l’homme, et que moi, je suis l’ombre.

— C’est terrible ! j’espère qu’on l’a enfermée ?

— Sans doute ; je crains qu’elle ne se remette jamais.

— Pauvre ombre ! dit la princesse ; elle est bien malheureuse. Ce serait peut-être un bienfait que de lui ôter le peu de vie qui lui reste. Oui, en y songeant bien, je crois nécessaire d’en finir avec elle secrètement.