Page:Andersen - Contes danois, trad. Grégoire et Moland, 1873.djvu/299

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Trois fois elle s’arrêta dans sa course pour regarder en arrière ; personne ne la poursuivait. Quand elle fut bien fatiguée, elle s’assit sur une grosse pierre ; elle jeta les yeux autour d’elle et s’aperçut que l’été était passé, et qu’on était à la fin de l’automne. Dans le beau jardin, elle ne s’était pas rendu compte de la fuite du temps ; le soleil y brillait toujours du même éclat, et toutes les saisons y étaient confondues. « Que je me suis attardée ! se dit-elle. Comment ! nous voici déjà en automne ! Marchons vite, je n’ai plus le temps de me reposer ! »

Elle se leva pour reprendre sa course ; mais ses petits membres étaient roidis par la fatigue, et ses petits pieds meurtris. Le temps d’ailleurs n’était pas encourageant, le paysage était dépourvu d’attraits. Le ciel était terne et froid. Les saules avaient encore des feuilles, mais elles étaient jaunes et tombaient l’une après l’autre. Il n’y avait plus de fruits aux arbres, excepté les prunelles qu’on y voyait encore ; elles étaient âpres et amères ; la bouche en y touchant se contractait. Que le vaste monde avait un triste aspect ! que tout y semblait gris, morne et maussade !