Page:Andersen - Contes pour les enfants, trad. Caralp, 1848.djvu/26

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
20
LES CYGNES SAUVAGES.

feux, mais celles-là même qui restaient cachées dans l’ombre.

Oh ! comme elle recula d’horreur à la hideuse vue de son propre visage réfléchi par le miroir poli et éclatant de l’onde ! Et quel ne fut pas son effroi en se voyant si noire et si laide ! Elle n’eut pourtant qu’à mouiller sa petite main et qu’à s’en frotter les yeux et le front pour que sa peau, dont la blancheur effaçait jadis celle du lis, reparût aussi brillante que jamais à travers cet affreux et fétide déguisement. Elfride en fut si ravie de joie qu’elle n’hésita pas un instant à se débarrasser de tous ses vêtements pour se précipiter hardiment dans les ondes bienfaisantes de l’heureux lac. Non, je vous jure, jamais on ne vit au monde roi avoir une plus belle enfant !

Dès qu’elle se fut rhabillée, qu’elle eut tout simplement séparé ses longs et épais cheveux et qu’elle en eut formé avec art une belle tresse, elle s’approcha joyeusement de l’eau enchantée, se désaltéra en y puisant avec le creux de sa main, puis s’enfonça de plus en plus dans la forêt sans savoir davantage où