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LES CYGNES SAUVAGES.

nuit, » lui dit alors le plus jeune de ses frères en lui montrant sa chambre à coucher.

« Oh ! combien je voudrais rêver que je suis en train de vous sauver, » lui répondit-elle.

Et c’était là une pensée qui lui revenait constamment à l’esprit. Elle priait Dieu avec instance de lui venir en aide, et la bonne fille continuait de l’implorer même dans ses rêves. Tout à coup il lui sembla un jour qu’elle s’enlevait dans les airs vers le château de la fée Morgane. La fée en personne venait au-devant d’elle, si brillante, si belle, et pourtant ressemblant tout à fait à la vieille femme qui lui avait donné de si bonnes baies dans la forêt, et qui lui avait parlé des onze cygnes portant des couronnes d’or sur leurs têtes.

« Il y a un moyen de sauver vos frères, lui dit la fée ; mais croyez-vous avoir assez de courage et de persévérance pour accomplir quelque chose de si difficile ? La mer est bien autrement douce que vos jolies petites mains ; songez cependant que la douleur qu’éprouveraient vos jolis petits doigts n’a pas la moindre prise sur elle. Et puis, elle n’a pas de cœur